RDC: Faut-il croire au désarmement des rebelles hutu rwandais?
Afriquinfos.com - 5 hours ago
© AFP/Archives Junior D. Kannah. Des soldats de l'armée de la
République démocratique du Congo (RDC) patrouillent à Kibumba, à 5km
de la frontière avec le Rwanda, le 13 juin 2014.
Sur le même sujet
RDC : Mise en cause par Kigali, l'ONU nie soutenir les rebelles FDLR (3/7/2014)
Les rebelles hutu des Forces démocratiques de libération du Rwanda
(FDLR), dont certains responsables ont participé au génocide contre
les Tutsi au Rwanda en 1994, sont estimés aujourd'hui à moins de 2.000
dans les collines boisées de l'est congolais, frontalier du Rwanda.
Mais ces rebelles hutus sont toujours considérés par Kigali comme "la
menace la plus grave" pour la paix régionale, tandis que Kinshasa
suspecte son voisin rwandais de ne pas souhaiter voir disparaître
cette menace, prétexte à une intervention armée en territoire
congolais.
Se pose aussi la question de la sincérité des FDLR, qui ont déjà à
maintes reprises ces dernières années annoncé en fanfare leur
renoncement à la lutte armée.
"Personne ne prend au sérieux [cette] mascarade", indique à l'AFP
Thierry Vircoulon, directeur du programme Afrique centrale du cercle
de réflexion International Crisis Group.
C'est "illusoire", estime un diplomate à Kinshasa, doutant de la
volonté chacune des parties de régler une question qui empoisonne les
relations entre la RDC et le Rwanda depuis des années.
Les FDLR ont entamé fin mai un "désarmement volontaire" sous l'égide
d'observateurs internationaux. A la date du 9 juin, 200 hommes environ
s'étaient rendus, mais depuis lors, plus rien.
- Six mois de plus -
Mardi, les pays d'Afrique centrale, orientale et australe associés aux
efforts de paix pour les Grands Lacs ont donné six mois aux miliciens
du groupe pour se rendre et désarmer, prévoyant que leur processus de
démobilisation serait examiné à mi-parcours.
Pour maintenir la pression sur les rebelles, Kinshasa et la Mission de
l'ONU en RDC (Monusco) martèlent que l'option d'un désarmement forcé
"reste sur la table", mais ce message est brouillé par leur préférence
affichée pour une solution pacifique.
Selon plusieurs sources militaires occidentales, la tâche de désarmer
par la force les FDLR est tout simplement impossible en l'état actuel
des effectifs et de l'équipement des troupes congolaises et
onusiennes.
C'est cependant la seule solution que conçoit le Rwanda.
Accusant la Monusco de pactiser avec le diable, Kigali a mis en garde
fin juin le Conseil de sécurité de l'ONU contre "tout délai
supplémentaire dans l'élimination" des FDLR.
Faute de quoi, menace-t-elle, le Rwanda pourrait se retirer du
processus de mise en oeuvre de l'accord-cadre d'Addis Abeba signé en
février 2013 par onze pays africains pour mettre fin aux conflits qui
saignent l'Est du Congo depuis vingt ans.
"La crédibilité et l'avenir" de cet accord "dépendent de la résolution
de la question des FDLR", estime Kris Berwouts, spécialiste de
l'Afrique centrale, sur le site African Arguments.
Signe d'une tension persistante, des combats meurtriers, localisés,
ont opposé le Rwanda et la RDC sur leur frontière les 11 et 12 juin.
Le Rwanda a envahi le Congo pendant les guerres de 1996-1997 et
1998-2003 et armé les rébellions à dominante tutsi qui se sont succédé
depuis lors au Kivu, jusqu'à la dernière d'entre elles, le Mouvement
du 23 Mars (M23), défait en novembre.
Jeudi, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, a
insinué que le Rwanda perdrait beaucoup à ce que disparaissent les
FDLR car cela le priverait d'un "prétexte" pour venir "piller" le
Kivu. Kigali accuse de son côté la RDC d'utiliser et d'armer les FDLR
pour tyranniser les Tutsi congolais.
Rappelant que les premières victimes de cette rébellion sont les
civils congolais, la Monusco et Kinshasa répètent à l'envi qu'aucun
FDLR ne restera en RDC à l'issue du processus de désarmement.
Mais au sein même du système des Nations unies certains estiment que
c'est une vue de l'esprit : les rebelles ayant pris souche en RDC, la
solution passera nécessairement par l'"installation définitive" dans
le pays de nombre d'entre eux, qui n'ont aucune intention d'aller
vivre au Rwanda.
Pour le diplomate en poste à Kinshasa, les FDLR feraient la preuve de
leur double jeu en conditionnant leur rapatriement au Rwanda à
l'ouverture d'un "dialogue politique inter-rwandais" auquel elles
participeraient alors qu'elles "savent pertinemment que c'est hors de
question" pour Kigali.
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SIBOMANA Jean Bosco
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