La chronique de Normand Lester, Journaliste d'investigation
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Même les États-Unis commencent à en avoir soupé du régime dictatorial de Paul Kagamé qui se livre à des crimes de guerre au Congo voisin tout en exigeant la sympathie du monde entier pour le génocide dont a été victime sa population tutsie en 1994. Washington a décidé de suspendre sa coopération militaire avec le Rwanda et de ne pas allouer 200 000 dollars destinés à financer une école militaire rwandaise. Pas de quoi mettre le régime en péril.
Kagamé a rétabli la paix au Rwanda au prix de violations importantes des droits et des libertés. Le pays reste fondamentalement instable parce que les nouvelles élites dirigeantes sont maintenant essentiellement tutsies et représentent moins de 15 % de la population composée dans son immense majorité de Hutus, la majorité responsable du génocide anti-tutsi. D'oppresseurs, les Hutus sont devenus opprimés.
Les États-Unis constituent avec la Grande-Bretagne, le principal soutien du dictateur Kagamé. Washington a été accusé de bloquer le rapport des Nations-Unies qui le blâme pour la violente rébellion dans l'est du Congo. Au cours des derniers mois, les rebelles congolais ont provoqué le déplacement de 200 000 personnes.
Le Rwanda, qui soutient des groupes rebelles congolais, dont le M23 du Nord-Kivu, semble décidé à renverser le gouvernement de la République Démocratique du Congo. Depuis le premier juillet dernier, plusieurs milliers de militaires rwandais auraient passé la frontière pour se joindre au M-23 afin de marcher sur Kinshasa, selon des rapports transmis aux services de renseignements de l'ONU. Le Rwanda a vigoureusement nié appuyer le M23, dirigé par Bosco Ntaganda, un général renégat de l'armée congolaise recherché par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre.
Joseph Kabila le président de la République démocratique du Congo n'a pas les capacités militaires pour résister aux Rwandais et a leurs alliés congolais. L'ONU, représentée sur place par la MONUSCO est impuissante à contrôler les rebelles.
Le Rwanda intervient depuis 1994 au Congo contre les extrémistes hutus qui s'y sont réfugiés après le génocide. Le soutien de Kigali des rebelles congolais a contribué aux guerres successives qui ont tué plusieurs millions de personnes depuis 18 ans.
La tragédie qui se poursuit au Congo est étroitement liée à l'histoire de la région des Grands Lacs africains. Le génocide de 1994 n'était pas un événement isolé, mais le point culminant de conflits ethniques qui ont commencé en 1959 lors de l'indépendance des anciennes colonies belges d'Afrique. Ces antagonismes trouvent leurs racines dans des animosités ancestrales avivées par des politiques coloniales malencontreuses.
Depuis leur indépendance, les anciennes colonies belges ont été la proie à séries de massacres génocidaires. En 1972, au Burundi, les Tutsis ont assassiné 80 000 Hutus. Alors qu'ils ne constituaient que moins de 15 % de la population du Burundi, les Tutsis exerçaient un quasi-monopole sur la haute administration et l'armée (comme c'est le cas au Rwanda actuellement). Le massacre est à peine rapporté par les médias internationaux. En 1994 au Rwanda, les Hutus abattent à leur tour 800.000 Tutsis et 1996 dans l'est du Congo des Tutsis congolais tuent plus de 70 000 Hutus.
Plusieurs spécialistes de la région estiment qu'avec les tensions ethniques toujours aussi exacerbées entre Hutus et Tutsis d'autres génocides sont possibles.
La communauté internationale a été largement indifférente à ces génocides sauf pour verser des larmes de crocodiles une fois les massacres perpétrés. Bill Clinton a refusé d'envoyer des soldats américains pour faire cesser le bain de sang. Il dit aujourd'hui qu'il a ces morts sur la conscience.
Pourtant, rien ne laisse croire que la situation sera différente lors des prochains.
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